La révolution numérique nourrit un univers techniciste qui impacte de plus en plus nos vies, nos capacités d'initiatives et de décisions. Internet s'est ainsi installé dans notre quotidien et fonctionne dorénavant comme une machine omniprésente qui nous permet de nous souvenir d'à peu près tout telle une mémoire que nous aurions externalisée. Deux attitudes antagonistes coexistent néanmoins à cet égard. D'un côté, une vision pessimiste qui nous emmènerait vers l'apocalypse et de l'autre une vision optimiste, confiante dans l'usage que nous ferons des nouvelles technologies.

Une émancipation technologique et salvatrice !


Question ?

L'ingéniosité et les prouesses de la technique nous ont ravitaillé et nous approvisionnent en solutions dont nous aurions du mal à nous passer aujourd'hui. Mais en même temps, pour reprendre un terme à la mode, nous dessaisit du pouvoir de décider, souvent au profit d'algorithmes, et présente des coûts humains, sociaux et écologiques démesurés. Comment sortir de l'impasse dans laquelle nous nous sommes placés sans passer par un rejet simpliste de la technique ?

par Thierry WAGNER
A la différence de l'animal qui naît avec des organes adaptés à son biotope, l'Homme fabrique ces propres outils, donc avec la possibilité d'avoir tous les organes qui ne lui sont pas innés, d'en changer à volonté et de les améliorer. La technique ouvre donc un espace de liberté et de progrès qui nous permet de modifier notre environnement et pas seulement de nous y adapter. 
C'est aussi le problème !
Cette émancipation technologique, le mythe salvateur qui l'accompagne et notre formidable inventivité nous ont conduit à repousser les limites imposées par la nature en dépassant les capacités de ponction des ressources locales ou importées. L'état peu affriolant de notre planète nous exhorte pourtant à une économie (plus) circulaire, à la transition énergétique ou à l'écologie industrielle.

Des technologies sobres et résilientes ?

Il est pourtant illusoire de penser que des solutions techniques permettrons de maintenir voire de faire croître nos ressources ou la consommation globale d'énergie. L'innovation devrait donc se concentrer sur l'économie de matières et la sobriété en réduisant les besoins à la source et sur une baisse de la demande plutôt qu'un remplacement de l'offre. Il y a beaucoup d'intelligence à mobiliser et de « recherche & développement » à déployer sur ces sujets.

Et pour y parvenir notre chance ne serait-elle pas le numérique dans lequel nous plaçons nos espoirs et dans les effets bénéfiques d'une économie 2.0 où tout serait bien mieux optimisé ? Il rend en effet les objets intelligents et les hommes collaboratifs. Il permet de miniaturiser les lieux et les processus de production. Il libère l'homme des tâches fastidieuses et dangereuses, ce qui nous permet de dégager du temps pour la réflexion et la recherche de compromis !

Pour débattre

Ceci nous parait néanmoins difficile à atteindre parce que nos besoins humains oscillent souvent entre fondamental et superflu, il est vrai que cela donne aussi du piment à la vie. Mais est-ce si difficile d'imaginer un monde par exemple sans produits jetables où l'on recycle et répare, et sans se comporter de plus en plus comme des machines pour être hyper performant dans la vie de tous les jours !? 

La voie d'une transition post-croissance est devant nous. Les technologies à venir vont continuer à nous aider si nous restons vigilants et critiques en évitant aussi de penser la technique comme quelque chose qui s'oppose nécessairement à l'humain. Qu'en pensez-vous ?



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