Transition numérique, privation de libertés ou création de valeurs ?

La transition numérique par l'introduction d'éléments digitaux dans le monde réel fait surgir chaque jour, en raison de son expansion foudroyante et de son caractère irréversible, de nouvelles possibilités et de nouveaux questionnements. Ces transformations au cœur de notre quotidien nous privent-elles d'une part de notre liberté ou sont-elles créatrices de valeur ?

Une transition privatrice de libertés ?

Au cœur de la transition numérique se trouve l'évolution de l'organisation de la vie quotidienne et du travail. Chaque secteur d'activité a des enjeux qui lui sont propres (banque, assurance, santé, industrie, immobilier, culture, administration). Le développement d'Internet, de la mobilité et des objets connectés participent au processus de dématérialisation dans tous les domaines, et ce, jusqu'aux consommateurs individuels : e-services, e-factures et e-relevés de comptes bancaires, téléservices de l'administration, e-démarches, e-éducation, etc.

Une transition créatrice de valeurs ?

Prenons l'exemple de la "smart city" : les approches trop souvent technocentrées de la "ville intelligente" n'accordent pas une place centrale à une approche ouverte avec les citoyens. Les fonctionnalités numériques embarquées dans les bâtiments et les systèmes urbains sont proposés par des entreprises qui ont vendu leurs solutions et services à la ville en créant de la valeur économique, c'est d'ailleurs aussi leur rôle. Pourtant, un des enjeux majeurs, pour rendre la ville plus intelligente, c'est aussi de rassembler et de rendre disponible à tous la connaissance et les expériences des autres citoyens d'un quartier ou d'une ville, en créant ainsi de la valeur sociétale. C'est à cette condition que le numérique permettra vraiment d'améliorer les choses tout en impactant sensiblement la chaîne de valeur.

Vers un humanisme numérique

Le déploiement dans notre vie et dans notre environnement du numérique et des usages associés est en passe de nous modifier profondément. Concevoir le développement de ces technologies comme un progrès pour l'homme et non pas comme pas un risque de négation de son humanité, c'est faire émerger un humanisme numérique² qui évite de penser la technique comme quelque chose qui s'oppose à l'humain. Ainsi en allant au-delà du cliché d'un conflit entre l'homme et le numérique, il est possible de penser au contraire une convergence pour plus de création de valeur et de liberté.

(1) : Pierre Bellanger I La Souveraineté numérique I (Stock, 2014)
(2) : Milad Doueihi I Pour un humanisme numérique I (Seuil, Paris 2011)
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